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DENPASAR, Bali: L’invasion de l’Ukraine par la Russie au début de l’année semble éclipser tous les autres points à l’ordre du jour de la réunion des dirigeants du Groupe des 20 mardi, le conflit en Europe ayant alimenté les tensions géopolitiques et une flambée mondiale des prix des produits alimentaires et énergétiques.
Les dirigeants des États membres du G20, des pays invités et des organisations internationales se sont réunis à Bali pour discuter des défis urgents auxquels est confrontée l’économie mondiale qui se rapproche de la récession.
L’Indonésie, quatrième pays le plus peuplé du monde et première économie d’Asie du Sud-Est, accueille le sommet sous le thème «Se relever ensemble, se relever plus fort» à la suite de la pandémie de coronavirus et de ses répercussions économiques.
Bien que le sommet soit officiellement axé sur la stabilité financière, la santé, les énergies renouvelables et la transformation numérique, l’Indonésie, pays hôte, tente également de combler les divisions au sein du G20 au sujet de la guerre en Ukraine.
Joko Widodo, le président indonésien, a reconnu l’ambiance lors de son discours d’ouverture mardi, juste avant le début des discussions à huis clos.
«Je comprends que nous ayons besoin d’énormes efforts pour pouvoir nous asseoir ensemble dans cette pièce», a déclaré le président indonésien Joko Widodo dans son discours d’ouverture.
Il a souligné que le monde ne pouvait pas se permettre de plonger dans «une autre guerre froide».
«Aujourd’hui, les yeux du monde entier sont braqués sur notre réunion. Allons-nous réussir? Ou ajouterons-nous un élément de plus à la liste des échecs? Pour nous, le G20 doit réussir et ne peut échouer.»
Dix-sept dirigeants du G20 participent au sommet de cette semaine, dont le président américain, Joe Biden, le président chinois, Xi Jinping, et le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane.
L’Indonésie a invité d’autres pays et organisations internationales à y participer, s’ajoutant ainsi à une longue liste de dirigeants mondiaux comprenant le président des Émirats arabes unis, Mohammed ben Zayed al-Nahyan, et le Premier ministre singapourien, Lee Hsien Loong.
Volodymyr Zelensky, le président de l’Ukraine, s’est adressé aux dirigeants du G20 par liaison vidéo le premier jour du sommet, dans lequel il a fait part de son optimisme quant à la fin du conflit.
«Je suis convaincu que c’est maintenant que la guerre destructrice russe doit et peut être arrêtée», a-t-il affirmé.
Les analystes s’attendent à ce que la guerre figure en bonne place dans le communiqué final du sommet, malgré les appels des hôtes indonésiens au dialogue et à la collaboration en vue de résoudre les problèmes économiques mondiaux tels que l’inflation et la sécurité alimentaire et énergétique.
Les réunions des ministres du G20 depuis que l’Indonésie a pris la présidence du groupe en décembre dernier n’ont pas permis d’aboutir à des déclarations communes. Des désaccords ont émergé entre la Russie et les autres membres sur le langage précis, notamment sur la manière de décrire ce qui se passe en Ukraine.
Le Dr Ahmad Rizky Mardhatillah Umar, chercheur indonésien en relations internationales à l’université du Queensland, en Australie, a indiqué que la déclaration finale attendue mercredi n’était pas susceptible de répondre pleinement aux défis auxquels le monde est confronté aujourd’hui.
«Compte tenu des tensions entre les États-Unis et la Chine, par exemple sur certaines questions politiques, puis de la guerre en Ukraine, il est difficile de voir le sommet du G20 aboutir à un résultat acceptable et susceptible de résoudre les défis auxquels le monde est confronté aujourd’hui, car ces défis sont en grande partie un problème politique, a-t-il expliqué à Arab News».
Umar a ajouté que c’était «parce que la crise mondiale actuelle exige des solutions politiques, et qu’il est difficile pour l’Indonésie de servir de médiateur, par exemple, entre la Russie et l’Ukraine».
Le rassemblement de Bali fait suite aux efforts concertés de l’Indonésie afin de négocier la paix entre les pays en conflit. Fin juin, Widodo a été le premier dirigeant asiatique à se rendre à Kiev et à Moscou pour rencontrer ses homologues ukrainien et russe dans le but d’atténuer l’impact du conflit sur la communauté internationale.
Bhima Yudhistira, directeur du Centre d’études économiques et juridiques de la capitale indonésienne, Jakarta, a également estimé que la situation mondiale échappait au contrôle de l’Indonésie.
«Le sommet a été éclipsé par la guerre en Ukraine, et il est possible qu’ils ne parviennent pas à un communiqué final, même si la clé du succès de la réunion repose sur ce communiqué», a-t-il expliqué à Arab News.
«La position de l’Indonésie est celle d’un pays en développement, et les acteurs déterminants sont ceux en conflit et les pays développés. Le fait de pouvoir faciliter la rencontre entre l’Américain Joe Biden et le Chinois Xi Jinping au G20 est déjà une réussite pour l’instant», a souligné Yudhistira.
Mardi, Biden et Xi ont tenu leur première réunion en personne depuis l’entrée en fonction du président américain. Cette rencontre s’est déroulée dans un contexte de relations tendues entre les deux pays, qui portent sur diverses questions, allant du commerce au statut de Taïwan.
Yudhistira était néanmoins convaincu que le sommet du G20 de cette année entrerait dans l’histoire.
«Je crois que c’est un G20 historique. Il est historique à cause de la polarisation, à cause de la fissure dans le multilatéralisme, mais c’est toujours le seul forum qui rassemble les différences, comme entre les États-Unis et la Chine», a-t-il ajouté.
Pour sa part, Diana Dewi, présidente de la section de la Chambre de commerce et d’industrie indonésienne à Jakarta, estime qu’«il y a un espoir que ce sommet aboutisse à la paix dans le monde, parce qu’il ne s’agit pas seulement d’atteindre une croissance économique, mais comme le président Widodo l’a affirmé depuis le début, c’est un événement qui est censé unir.»
Les agences de presse ont rapporté mardi que les dirigeants des plus grandes économies du monde semblaient prêts à transmettre un message fort condamnant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, même si le projet de déclaration devait encore être approuvé par tous les membres du groupe.
Créé en 1999 à la suite de la crise financière asiatique, le G20 avait initialement pour but de favoriser la coopération économique mondiale. Mais il s’est depuis transformé en un forum consacré aux problèmes mondiaux urgents. Cette année, l’accent a été mis sur les infrastructures de santé et la sécurité alimentaire.
Le sommet annuel des dirigeants mondiaux est également l’occasion d’échanges diplomatiques informels, les chefs d’État participant à des entretiens bilatéraux en marge de cette grande réunion.
Une poignée d’échanges bilatéraux se sont déroulés mardi, dont celui de Xi et d’Anthony Albanese, le nouveau Premier ministre australien, qui a marqué la première rencontre officielle entre les dirigeants des deux pays depuis 2016.
Le prince héritier saoudien a également tenu plusieurs réunions en marge du sommet, notamment avec le président des Émirats arabes unis, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, et le président turc, Recep Tayyip Erdogan.
Bien que la plupart des titres internationaux se soient concentrés sur la participation des États-Unis et de la Chine au sommet à cause de leur importance économique mondiale, le rôle de l’Arabie saoudite «est très important», a déclaré à Arab News, Andreas Ismar, journaliste indonésien chevronné.
«L’Arabie saoudite doit diversifier son économie pour être moins dépendante du pétrole et elle a de nombreuses chances de le faire dans ce forum», a indiqué Ismar, faisant allusion au plan de réforme, la Vision 2030, qui vise à diversifier l’économie du Royaume loin des hydrocarbures.
La compagnie pétrolière saoudienne Aramco et l’entreprise publique indonésienne Pertamina sont récemment convenues de travailler ensemble sur la possibilité de développer une chaîne de valeur propre pour l’ammoniac et l’hydrogène. Riyad et Jakarta ont donné la priorité aux efforts de transition vers les sources d’énergie renouvelables.
«Je crois que les relations entre l’Arabie saoudite et l’Indonésie ne vont pas s’arrêter là. La coopération entre les deux pays était auparavant plus axée sur la politique et la culture, mais elle s’oriente désormais rapidement vers l’économie», a soutenu Ismar.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com
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KIEV: Fatigués par la guerre, les juifs d’Ukraine se sont rassemblés dimanche lors de prières et de veillées à la bougie pour lancer Hanouka, la “Fête des lumières”, jurant de défier les black-out causés par les bombardements russes persistants.
A Kiev, sur la célèbre place de l’Indépendance, également appelée Maïdan, les fidèles se sont blottis les uns contre les autres à la recherche de chaleur près de ce que les autorités disent être la plus grande menora (un candélabre à neuf branches) de Hanouka en Europe.
La “Fête des lumières”, qui chaque année dure huit nuits, commémore la révolte juive des Maccabées contre une formidable force gréco-syrienne en -167, des événements durant lesquels des miracles se sont produits selon certains croyants.
Le grand rabin d’Ukraine et de Kiev, Moshe Reuven Azman, a déclaré à l’AFP que l’histoire derrière le festival hivernal contenait “des leçons précieuses” pour l’Ukraine dans sa résistance aux continuelles attaques russes.
“Nous allumons une petite bougie, mais si vous l’allumez dans la pièce la plus sombre, une petite bougie repoussera beaucoup de noirceur”, a-t-il dit. “Je dis au peuple ukrainien que chaque jour, nous sommes la lumière et nous repoussons beaucoup de noirceur”.
Les célébrations de dimanche se sont tenues deux jours après une nouvelle vague de frappes russes qui a laissé plusieurs villes sans électricité, forçant des millions de personnes à vivre sans chauffage ni eau courante par des températures glaciales.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré samedi soir que le courant avait été rétabli pour près de six millions d’Ukrainiens, mais que des “coupures à grande échelle” et des problèmes d’eau et de chauffage persistaient dans de nombreuses régions.
Le maire de Kiev, Vitali Klitschko, a fustigé dimanche les attaques aériennes.
Miracles de la menora
“Il y a deux jours, l’ennemi voulait nous priver de lumière, d’eau, de chauffage”, a-t-il lancé, rappelant les remarques du président russe Vladimir Poutine sur le fait que l’Ukraine serait dirigée par des fascistes et des nazis.
“C’est un symbole pour les Russes. Car il serait invraisemblable qu’un régime fasciste installe la plus grande menora et fête Hanouka”, a-t-il ajouté.
Avant l’invasion russe lancée le 24 février, l’Ukraine était le foyer d’environ 300.000 juifs, dont 50.000 dans la capitale, selon le rabin Azman.
L’an dernier, pour marquer le début de Hanouka, il avait accueilli des centaines de fidèles dans sa synagogue du centre de Kiev.
Mais cette année, les autorités déconseillent les grands rassemblements par crainte d’attaques de missiles. Le rabbin a donc organisé une cérémonie plus humble, allumant une menora pendant que huit hommes s’alignaient derrière lui et le rejoignaient dans la prière.
Il a raconté à l’AFP avoir passé le début de la journée à distribuer des colis alimentaires et des médicaments, conduisant à travers la ville dans un fourgon chargé de batteries externes et de câbles USB pour dépanner les personnes sans électricité.
Les Russes “nous envoient des missiles balistiques, donc nous allons leur renvoyer des missiles kabbalistiques”, a-t-il plaisanté.
Sur la place de l’Indépendance, Volodymir Pankoff, un juif ukrainien venu à la cérémonie d’illumination de la menora, confie qu’elle lui a donné espoir en la victoire de l’Ukraine.
“La menora montre des miracles dans le passé et elle montrera aussi des miracles dans le futur. Je suis sûr qu’elle montrera des miracles en Ukraine”, dit l’homme de 55 ans, qui s’est porté volontaire pour fabriquer des filets de camouflage militaires.
“Nous sommes volontaires, les gars sont au front, nous prions aussi – et nous espérons que la guerre s’arrêtera aussi tôt que possible”, assure-t-il.
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LONDRES: Le Premier ministre britannique Rishi Sunak doit annoncer lundi la livraison à l’Ukraine d’une importante quantité de munitions pour l’artillerie, au cours d’une réunion avec les dirigeants d’Europe du Nord, baltes et néerlandais en Lettonie.
Au cours de cette rencontre à Riga seront évoqués les efforts en cours destinés à contrer la Russie dans les régions nordiques et de la Baltique.
M. Sunak, qui arrivera lundi en Lettonie, demandera aux autres dirigeants des pays participant aux côtés du Royaume-Uni à la Force expéditionnaire conjointe (JEF) de maintenir ou de dépasser en 2023 le niveau du soutien accordé cette année à l’Ukraine, selon un communiqué diffusé par le bureau du Premier ministre.
Il annoncera également que Londres livrera “des centaines de milliers de munitions pour l’artillerie l’année prochaine dans le cadre d’un contrat de 250 millions de livres sterling (304 millions de dollars) qui assurera un flux constant de munitions essentielles pour l’artillerie à l’Ukraine tout au long de 2023”, toujours d’après le communiqué.
Le Royaume-Uni a montré la voie en “fournissant une aide défensive à l’Ukraine, notamment en envoyant des lance-roquettes multiples et, récemment, 125 canons antiaériens”, a poursuivi le bureau du chef du gouvernement.
“Nous avons également fourni plus de 100.000 munitions depuis février”, le mois où la Russie a déclenché son offensive, a-t-il ajouté.
Le mois dernier, M. Sunak s’est rendu à Kiev pour offrir un soutien supplémentaire à l’Ukraine dans sa lutte contre les forces russes.
“Le Royaume-Uni et nos alliés européens ont réagi de manière synchrone à l’invasion de l’Ukraine et nous restons inébranlables dans notre ambition de rétablir la paix en Europe”, a déclaré M. Sunak dans le communiqué.
“Mais pour parvenir à la paix, nous devons dissuader toute agression et nos déploiements dans la région sont essentiels pour garantir notre capacité à répondre aux menaces les plus graves”, a-t-il encore dit.
Le président ukrainien Volodymyr Zelenksy s’adressera aussi aux participants à la réunion du JEF, qui rassemble les dirigeants du Danemark, de la Finlande, de l’Estonie, de l’Islande, de la Lettonie, de la Lituanie, des Pays-Bas, de la Suède, de la Norvège et du Royaume-Uni.
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DOHA: Les rêves de Kylian Mbappé en Coupe du monde, son “obsession”, la compétition de ses “rêves”, se sont évanouis dans la nuit de Doha malgré un triplé éblouissant en finale (3-3, 4-2 tab), une symphonie inachevée pour le génie français face à l’Argentine du “roi” Lionel Messi.
Le prodige de Bondy, d’abord inexistant, a livré une prestation de titan à la hauteur de son immense talent, revigorant une équipe de France longtemps asphyxiée par l’Albiceleste. Meneur jusqu’au bout, il a lancé la séance française de tirs au but triomphalement, avant la faillite des siens.
Bousculés, les Bleus ont tenu le choc “grâce au talent de Kylian qui a su porter l’équipe” avec “un fort leadership”, à l’image de ce qu’il a montré durant le tournoi, a retenu le capitaine Hugo Lloris, avant que son jeune collègue ne file, tête basse et sans un mot, devant les journalistes en zone mixte.
“Kylian a marqué de son empreinte cette finale, mais pas de l’empreinte totale qu’il voulait, d’où sa tristesse à la fin, comme l’ensemble des joueurs”, a commenté son sélectionneur Didier Deschamps.
L’immense peine du N.10 tricolore n’a d’égale que son talent hors norme, son sang-froid de vieux briscard, malgré la jeunesse de ses 23 ans. Il a encore repoussé toutes les limites et ébloui le monde, même si le revers collectif le relègue dans l’ombre de l’histoire, pour une fois.
“Vous êtes pas contents ? Triplé !” La formule impertinente de l’attaquant supersonique, dans un reportage sur Canal+ en 2018, a résonné très fort dans les oreilles de l’Albiceleste, sonnée par ses fulgurances.
Si son triplé fut vain, il rejoint dans l’histoire sir Geoff Hurst, le seul à avoir réussi une telle performance en finale d’un Mondial, en 1966. “Mes félicitations à Mbappé, et quoi qu’il arrive je me suis régalé !”, a tweeté l’ancien attaquant anglais.
Deux buts en 97 secondes
Au ralenti pendant 80 minutes, le Français est sorti de sa boîte comme un beau diable pour redonner vie aux Français avec un triplé qui assoit sa jeune légende, sans pour autant lui offrir ce qu’il était venu chercher à Doha: une deuxième étoile mondiale, deux jours avant son 24e anniversaire.
Les Bleus étaient menés de deux buts à la pause, mais il a réduit le score avec un premier penalty (2-1, 80e) obtenu par Randal Kolo Muani.
Il a remonté le ballon rageusement jusqu’au rond central avant de l’expédier de nouveau, 97 secondes plus tard selon le statisticien Opta, dans les filets de l’impuissant Emiliano Martinez (2-2, 81e) après un service de son ami Marcus Thuram, autre entrant.
Comme un grand, Mbappé a ensuite obtenu un nouveau penalty sur un tir contré de la main par Gonzalo Montiel. Il l’a transformé à la 118e minute, offrant une séance de tirs au but assez inespérée aux Français.
En patron, il s’est avancé en premier et a marqué, comme pour effacer son échec en huitièmes de finale de l’Euro en 2021 contre la Suisse, un boulet qu’il a longtemps traîné.