Airbus a signé dimanche un méga contrat pour garnir la flotte des compagnies aériennes de la société américaine Indigo Partners. Dont une certaine Wizz Air…
Au centre avec la cravate rouge, Bill Franke, le patron de Indigo Partners, pose lors d'une conférence de presse aux côtés d'Airbus déjà au Dubai Airshow en novembre 2017.
REUTERS/Satish Kumar
Et oui, les affaires reprennent ! Et c’est à Dubaï, sur le tarmac d’Emirates, que les avionneurs ont posé leurs engins en ce mois de novembre pour l’un des principaux rendez-vous du secteur. Dimanche, Airbus a annoncé avoir signé une méga commande de 255 avions monocouloirs A321 qui viendront dans quelques années grossir les flottes de quatre compagnies aériennes appartenant toutes à la société américaine Indigo Partners. A la pointe de l’escadrille, on retrouve la hongroise Wizz Air dont L’Express racontait déjà en septembre dernier les incroyables performances durant cette période de Covid-19. Bien décidé à ne pas rater la reprise, Indigo a remis au pot.
La valeur de cette nouvelle commande s’élève à plus de 33 milliards de dollars (près de 29 milliards d’euros) selon le dernier prix catalogue publié en 2018 par l’avionneur, un tarif qui n’est en réalité jamais appliqué. Plus on rcommande, plus le prix baisse, il est donc possible qu’Indigo ait obtenu une remise pouvant atteindre 50% du prix affiché, comme ce fut le cas pour Air France-KLM avec l’A220.
Il n’empêche que c’est la seconde fois que le fonds américain signe avec Airbus un aussi gros contrat. En 2017, déjà à Dubaï, il avait fait sensation en commandant plus de 400 avions pour un prix catalogue de plus de 46 milliards d’euros ! De gros chiffres qu’on tenait cependant à relativiser à l’époque. “Ce ne sont que 7 mois de production”, précisait alors à L’Express une source proche du dossier qui soulignait que la négociation avait été “relativement facile et rapide”.
L'actuel PDG de Wizz Air, Jozsef Varadi (au c.) et l'ancien président d'Airbus Fabrice Bregier (à g.) le 18 juin 2015 au salon aéronautique du Bourget
© / afp.com/ERIC PIERMONT
Dans le détail de cette nouvelle commandes, 102 appareils sont destinés à la compagnie aérienne à bas coûts hongroise Wizz Air, 91 à la low-cost américaine Frontier Airlines, 39 à la mexicaine Volaris et 23 à la chilienne Jetsmart, selon un communiqué d’Airbus.
Indigo Partners s’est spécialisé dans l’aviation à bas coûts et a été lancé par l’un des pionniers du low-cost aux Etats-Unis, l’Américain Bill Franke. Aujourd’hui âgé de 84 ans, ce Texan est à la tête d’un fonds de private equity spécialisé dans l’aérien et a même participé au financement des premiers tours de piste d’un certain Ryanair. L’homme d’affaires a très tôt senti le vent porteur des compagnies à bas coûts. Entre 1993 et 2001, il pilote la compagnie America West Airlines, qui deviendra l’US Airways quelques années plus tard.
“Nos compagnies aériennes savent qu’un bon avion associé à un excellent plan d’affaires créera de la valeur pour nos clients. Nous sommes impatients d’apporter du confort et des tarifs bas à plus de passagers à travers le monde”, expliquait Bill Franke lors de sa venue dans le Golfe pour le deal de 2017.
Bill Franke a gardé la recette et continue de l’appliquer : réduire les coûts, acheter en gros et faire voler le plus possible des avions les plus jeunes possibles. Il alimente ainsi à fond le marché de l’occasion et de la location d’avions en sortant de sa flotte les appareils juste avant de devoir s’acquitter des lourdes maintenances qu’impose l’aérien après une petite dizaine d’années de service. C’est un des marqueurs de son modèle économique.
Sur les 255 nouveaux avions qu’Indigo vient de commander, 29 sont du futur modèle A321XLR, un monocouloir dit à “très long rayon d’action” capable d’effectuer les liaisons longue distance traditionnellement dévolues aux gros porteurs (B777, A350). Pas un hasard. Wizz Air a récemment obtenu une licence pour pouvoir opérer depuis Abu Dhabi, cherchant à créer un pont entre l’Europe de l’Est (son marché coeur où elle est plus forte que Ryanair) et le Golfe. Un deal gagnant-gagnant car en apportant des passagers à Emirates par exemple, Wizz Air devient une porte d’entrée du hub au Moyen-Orient. Or, avec les futurs A321 XLR, Wizz Air sera en capacité de desservir l’Inde, l’Asie, des territoires où les compagnies traditionnelles ont encore de belles positions à se faire grignoter par les low-cost.
Surtout, on le voit avec l’extraordinaire redémarrage post Covid, Wizz Air a remis beaucoup de capacité en nombre de lignes, mais aussi en nombre de sièges. Un des secrets de sa rentabilité, mis à part sa gestion des coûts, tient dans la possibilité que lui offrent ses nouveaux appareils récemment mis en service (des A320Neo et les premiers A321Neo), ceux justement commandés lors du salon de 2017. Moins énergivores de 20%, ils permettent surtout d’embarquer une trentaine de passagers supplémentaires par rapport aux Boeing 737 opérés par Ryanair et à l’ancienne génération des Airbus 320. Wizz Air est aujourd’hui la compagnie qui affiche la flotte la plus jeune sur les tarmacs (5 ans contre 8 ans chez Ryanair et 11 ans chez Air France-KLM). Avec cette nouvelle commande dont les livraisons sont prévues à partir de 2025, Indigo Partners entend bien maintenir son rythme de croisière.
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